André Breton
Alex Rover | décembre 12, 2022
Résumé
André Breton fr :
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Enfance
André Breton est un enfant unique, issu d »une famille petite bourgeoise et catholique dans laquelle sa mère impose une éducation stricte. Il a passé son enfance tranquillement, à Pantin (Seine-St-Denis).
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Jeunes
Il fait ses études secondaires à Paris, au collège Chaptal, puis fréquente la « section moderne » (sans latin ni grec). Son professeur de rhétorique attire son attention sur André Breton et l »initie aux œuvres de Charles Baudelaire et de Joris-Karl Huysmans, et son professeur de philosophie lui fait remarquer les oppositions entre le positivisme (« Discours sur l »esprit positif : Ordre et progrès, éd. Vrin, 2002 – Discours sur l »esprit positif : Ordre et progrès) et les idées de l »hégélianisme. Il se lie d »amitié avec Théodore Fraenkel et René Hilsum, qui publie ses premières œuvres poétiques dans la revue littéraire de l »école. Au grand dam de ses parents, qui souhaitent qu »il devienne ingénieur, il intègre les classes préparatoires PCN avec Fraenkel.
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Guerre
Le jour de la déclaration de guerre de la France, il se trouve chez ses parents à Lorient (Morbihan). Il n »avait qu »un seul livre avec lui : une sélection de poèmes d »Arthur Rimbaud et reprochait à son ami Fraenkel son manque d »enthousiasme quant à « l »infériorité artistique d »une œuvre réaliste par rapport à une autre ». En août 1915, Breton est déclaré apte au service militaire et envoyé à l »artillerie à Pontivy pour prendre des leçons dans ce qu »il décrira plus tard comme « un cloaque de sang, de bêtise et de boue ». La lecture d »intellectuels tels que Maurice Barrès et Henri Bergson a renforcé son aversion pour le nationalisme. Il est bientôt dirigé vers un hôpital de Nantes. C »est à cette époque qu »il écrit sa première lettre à Guillaume Apollinaire, dans laquelle figure le poème « Décembre ». En février ou mars 1916, il rencontre un soldat en convalescence : Jacques Vaché. Ce fut une révélation pour Breton. Vaché décrit les tentatives littéraires de Breton comme le contraire de l »œuvre d »Alfred Jarry, lui attribue une » désertion intérieure de lui-même » et ne revendique qu »un seul droit : » Umor « . De retour à Paris (1917), il rencontre Pierre Reverdy, avec qui il collabore à la revue Nord-Sud, et Philippe Soupault, qu »Apollinaire lui présente en disant : « Vous devez devenir amis ». Grâce à Soupault, il découvre les Chants de Maldoror de Lautréamont, ce qui lui procure une grande excitation. Dans une lettre à Fraenkel en juillet 1918, Breton mentionne le projet de compiler un livre avec Aragon et Soupault sur plusieurs peintres, dont Giorgio de Chirico, André Derain, Juan Gris, Henri Matisse, Picasso, Henri Rousseau….. Ils entendaient présenter « à l »anglaise » la vie de l »artiste (Soupault), une analyse de leurs œuvres (Aragon) et des commentaires sur l »art (Breton). Il devait également y avoir des œuvres poétiques des auteurs du livre en rapport avec certaines des peintures. De Zurich, Berlin et Cologne, malgré la guerre, la censure et le sentiment anti-allemand, des échos des manifestes Dada et de certaines de leurs publications, comme le Manifeste Dada 3. En janvier 1919, Jacques Vaché meurt. Très ému, Breton voit en Tristan Tzara la réincarnation de l »esprit de révolte de son ami : « Je ne savais plus où chercher le courage dont vous faites preuve. Je dirige maintenant mon regard vers vous. »
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Les années 1918-1924 – Le dadaïsme à Paris
Après avoir publié un recueil de poèmes juvéniles écrits entre 1913 et 1918 (Mont de piété), Breton et Soupault commencent à expérimenter l »écriture automatique. Les textes sont écrits sans réflexion, sans arrêt, à des vitesses différentes, sans correction ni réflexion. Les Champs magnétiques, écrits en mai et juin 1919, ont été publiés un an plus tard. Son succès auprès des critiques contribue à faire reconnaître l »œuvre comme un précurseur du surréalisme.
Aragon, Breton et Soupault, les « trois mousquetaires », comme aimait à les appeler Paul Valéry, créent la revue Littérature, déjà prévue depuis l »été 1918, dont le premier numéro paraît en février 1919. Dès mars, Paul Éluard, rencontré par hasard, rejoint l »équipe. La « Literatura » publie successivement les « Poèmes » de Lautréamont, des extraits des Champs magnétiques et l »enquête « Pourquoi écrivez-vous ? ». Néanmoins, Breton n »est pas satisfait du magazine.
Bientôt, grâce à sa rencontre avec Francis Picabia, dont l »intelligence, le sens de l »humour, le charme et la vitalité le captivent, Breton se rend compte qu »il n »a plus rien à attendre des « anciens », ni de l »Esprit nouveau d »Apollinaire… avec son bon sens français et son dégoût du chaos, ou des « modernes » (Jean Cocteau, Raymond Radiguet, Drieu La Rochelle) reprenant encore la forme traditionnelle du roman qu »il avait rejetée (et qu »il rejetterait toujours à nouveau).
Enfin, Tristan Tzara arrive à Paris (23 janvier 1920). Breton imagine une « mise à mort de l »art » commune, qui lui semble la tâche la plus urgente, même si « la préparation d »un coup d »État peut prendre des années ». Breton, Picabia et Tzara organisent des manifestations dadaïstes, qui provoquent le plus souvent l »incompréhension, des bagarres et des scandales, c »est-à-dire qu »elles atteignent les objectifs visés. A partir d »août, cependant, Breton commence à prendre ses distances avec le dadaïsme. Il refuse d »écrire une préface à l »œuvre de Picabia : « Je ne suis même pas sûr que le dadaïsme ait gagné, je perçois encore que je le retravaille en moi ». Vers la fin de l »année, Breton est engagé par Jacques Doucet, tailleur, bibliophile et amateur d »art moderne, ainsi que de choses rares et impossibles, qui lui commande des lettres sur la littérature et la peinture et des conseils pour l »achat d »œuvres d »art. Breton conseille, entre autres, l »achat des Demoiselles d »Avignon de Picasso.
Après le « Procès de Barrès » (mai 1921) rejeté par Picabia, au cours duquel Tzara joue l »écolier audacieux, Breton, président du « jury », juge le pessimisme « absolu » des dadaïstes comme de l »infantilisme. L »été suivant, il profite de son séjour au Tyrol pour se rendre à Vienne et rendre visite à Freud. Freud reste cependant réservé à l »égard du chef de ceux qu »il considère comme des » fous intégraux « .
En janvier 1922, Breton tente d »organiser un « Congrès international pour la détermination des directives et la défense de l »esprit moderne ». Tzara s »y oppose. La « Littérature » renouvelée sous la direction de Breton et Soupault accueille de nouveaux contributeurs tels que René Crevel, Robert Desnos, Roger Vitrac. Soupault finalement réticent, Picabia s »éloigne du surréalisme. Crevel et Breton expérimentent les rêves sous hypnose, permettant la libération du discours subconscient. Les états de rêve forcé révèlent les étonnantes capacités d » »improvisation » de Benjamin Péret et Robert Desnos. A la fin du mois de février 1923. Breton met fin à ces expériences, à la fois en raison des inquiétudes quant à leur sincérité et des risques pour sa santé mentale.
Breton semble fatigué de tout : il considère le travail journalistique d »Aragon et de Desnos, pourtant rentable, comme une perte de temps, les écrits de Picabia le déçoivent et les projets de ses amis le mettent en colère : » encore des romans ! « . Dans une interview accordée à Roger Vitrak, il confirme son intention de ne plus jamais écrire. Pourtant, l »été suivant (1924), il écrit la plupart des poèmes du recueil Clair de terre.
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Une rupture avec le dadaïsme – la naissance du surréalisme – Le premier manifeste du surréalisme
« Le Manifeste du surréalisme » a été publié séparément le 15 octobre 1924, initialement prévu comme une préface au recueil de textes « automatiques » Poisson soluble. « Le Manifeste du surréalisme » explique en quoi consiste l »attitude réaliste, discute du chemin que la littérature a emprunté jusqu »à présent et définit la nouvelle approche : elle exige des droits pour l »imagination, une place pour l »émerveillement, l »inspiration, les références à l »enfance et le hasard objectif.
La définition du terme « surréalisme » par Breton : « Automatisme mental pur par lequel on entend exprimer oralement ou par écrit, ou par toute autre méthode, l »action réelle de la pensée. La transmission de la pensée sans aucun contrôle de la raison, sans intention esthétique ou morale ».
Quelques jours plus tard, le groupe publie le pamphlet « Un cadavre », écrit en réaction aux funérailles d »Anatole France, organisées en grande pompe. Dans ce document, ils écrivent, entre autres choses : « Loti, Barrès, Anatole France, tournons-nous néanmoins vers l »année qui a décapité trois hommes lugubres : un idiot, un traître et un policier. Avec la France, c »est un peu de la soumission humaine qui disparaît. Que le jour où nous enterrons la ruse, le traditionalisme, le patriotisme et le manque de cœur devienne une fête ! »
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1925-1938
Le 1er décembre 1924, paraît le premier numéro de la Révolution surréaliste, l »organe du groupe, dirigé par Péret et Naville. Breton radicalise ses actions et ses opinions politiques. Après avoir lu les ouvrages de Trotsky sur Lénine et sur la guerre coloniale menée par la France au Maroc, il se rapproche des intellectuels communistes. Les surréalistes, en collaboration avec les auteurs des écrits Clarté et Philosophie, forment un comité et rédigent un document commun intitulé La Révolution d »abord et toujours.
En janvier 1927, Breton, Aragon, Éluard, Péret et Unik adhèrent au Parti communiste PCF. Ils expliquent cette étape dans la publication Au grand jour (In Full Light).
4 octobre 1926 Breton rencontre Nadja Ils se rencontrent tous les jours jusqu »au 13 octobre et ensuite au moins deux fois en novembre. Nadja lui dit d »écrire : « un roman sur moi. Et attention : tout s »étiole, tout disparaît. De nous, il faut que quelque chose reste… ». En août 1927, Breton séjourne chez Aragon, au domaine d »Ango près de Varengeville-sur-Mer, et commence à écrire Nadja, dans lequel il explore le thème du hasard objectif. En novembre, alors qu »il lit le livre dans son groupe, il rencontre Suzanne Muzard et le coup de foudre mutuel explose. Bien que Suzanne soit l »amante d »Emmanuel Berl, elle vit une aventure passionnée et mouvementée avec Breton. Elle exige qu »il divorce de sa première femme (Simone Breton, mariée le 15 septembre 1921), ce à quoi Breton est enclin, mais elle est freinée par sa prédilection pour le confort et la sécurité matérielle. Elle épouse Berl, sans rompre avec Breton. Une relation construite sur des ruptures et des retours constants survit jusqu »en janvier 1931. C »est à cause de Suzanne que la troisième partie de « Nadja » a été écrite.
L »amour malheureux pèse sur Breton, ainsi que les désaccords au sein du groupe, le départ de Desnos, les querelles publiques avec Soupault, la fermeture de la Galerie Surréaliste suite à des erreurs de gestion. La publication du Second Manifeste du Surréalisme (décembre 1929) devient pour lui l »occasion de renouveler le mouvement, comme l »exprime Mark Polizzotti pour » codifier tous les changements que le mouvement a connus au cours de ses cinq premières années et, en particulier, le passage (…) de l »automatisme psychique à l »engagement politique « .
Breton se plonge dans une lecture de Marx, Engels et Hegel. Le problème de la réalité en termes politiques, ainsi que l »implication personnelle de l »individu, l »occupent particulièrement, comme en témoignent ses écrits
Le second manifeste est aussi l »occasion pour lui de se venger violemment, parfois à coups d »insultes et de sarcasmes, et de faire le point sur les remous que le groupe a traversés au fil des années. Breton justifie son intransigeance par la volonté de découvrir, grâce à l »inspiration de la Phénoménologie de l »Esprit, « ce lieu de l »esprit où la vie et la mort, le réel et l »imaginaire, le passé et le futur, l »exprimable et l »inexprimable, le haut et le bas cessent d »être perçus comme contradictoires ». » Les » exclus » attaqués par ce texte répondent en publiant un pamphlet sur le modèle du précédent (écrit contre Anatole France), » Cadavre » (Un cadavre). C »est alors que les adversaires appellent ironiquement Breton le « pape du surréalisme ».
L »humeur sombre de Breton s »exprime pleinement dans ce que Mark Polizzotti appelle « le plus sombre des manifestes » et qu »il considère comme l »expression d »une « amertume personnelle », une phrase souvent citée et reprochée à Breton, notamment par Albert Camus : « L »acte surréaliste le plus simple consiste à sortir dans la rue avec un revolver à la main et à tirer aveuglément, autant qu »on le peut, droit dans la foule ». Marguerite Bonnet fait remarquer qu »une déclaration similaire figurait déjà dans un article de 1925, dans le 2e numéro de La Révolution surréaliste, mais n »avait pas attiré l »attention à l »époque. Elle écrit que Breton fait une allusion à l »anarchiste Émile Henry, qui a demandé à être appelé « Breton » après son arrestation. Marguerite Bonnet suggère qu » »une sorte de transfert, de nature presque onirique, visant les recoins les plus secrets de la sensibilité, a pu ainsi préparer Breton à la tentation fugace de s »identifier à l »ange du malheur anarchiste ».
Un nouveau magazine fait son apparition, remplaçant La Révolution surréaliste. C »est « Le surréalisme au service de la révolution » – « SWSR ». Breton et André Thirion défendent l »idée de créer une « Association des écrivains et artistes révolutionnaires » (AEAR). L »association est effectivement créée en janvier 1932, inspirée par la direction du parti communiste PCF, mais ni Breton ni Thirion 1932 ne sont invités à y adhérer au moment de sa formation. Ils n »ont adhéré qu »à la fin de l »année (avec un groupe d »autres surréalistes). Dès lors, les surréalistes prennent la place de l »Opposition de gauche dans l »association AEAR. Breton se heurte constamment à l »incompréhension et à la méfiance croissante de la direction du parti, mais il ne perd pas l »espoir de pouvoir diriger l »activité culturelle du parti, de récupérer ses pouvoirs psychiques épars afin de réconcilier le freudisme et le marxisme au service du prolétariat.
Breton dénonce la censure du parti à l »égard de l »activité poétique qui a touché le poème Front rouge d »Aragon, sans cacher sa piètre opinion de cette œuvre purement propagandiste (Misère de la poésie). Aragon refuse de rationaliser une telle défense et provoque une ultime rupture, Paul Vaillant-Couturier l »accusant d »avoir publié dans la revue du SWSR une lettre de Ferdinand Alquié alléguant « un vent de crétinisation systématique soufflant de l »URSS ». En réponse aux violentes manifestations fascistes du 6 février 1934 devant le Parlement, Breton adresse une « Proclamation de lutte » à toutes les organisations de gauche. Léon Blum rejette poliment cet appel.
En 1934, dans des circonstances qui rappellent un précédent poème, datant de 1923 – (Tournesol) Breton rencontre Jacqueline Lamb. Il écrit le texte « L »Amour fou » sur cette rencontre et la première période de l »amour. De cette relation naît une fille, Aube Elléouët.
En juin 1935, Breton rédige un discours de défense de la culture qui sera prononcé au Congrès des écrivains. Dans la conclusion, il écrit : « Changer le monde », disait Karl Marx ; « Changer la vie », disait Rimbaud – ces deux slogans n »en font qu »un pour nous. À la suite d »une violente altercation avec (le délégué soviétique) Erenburg, qui a dénigré les surréalistes, la participation de Breton est annulée. Il a fallu autant que le suicide de René Crevel pour que les organisateurs acceptent la lecture par Éluard du discours de Breton. La rupture définitive avec le PCF (Parti communiste) est scellée par la publication de « Du temps où les surréalistes avaient raison ».
En 1938, Breton organise la première exposition internationale du surréalisme à Paris. À cette occasion, il donne une conférence sur l »humour noir. La même année, il se rend au Mexique et rencontre les peintres Frida Kahlo et Diego Rivera, ainsi que Trotsky, avec qui ils rédigent un manifeste commun intitulé On Independent Revolutionary Art. Dans la foulée, la Fédération internationale de l »art révolutionnaire indépendant est fondée. Cela conduit à une rupture avec Éluard.
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1939-1966
Le Breton est mobilisé en août 1939 et affecté comme médecin à un centre de pilotage à Poitiers. Le 17 juin, pendant la période d »armistice, il reste en « zone libre » et trouve refuge chez un ami médecin, Pierre Mabille, à Salon-de-Provence. Ils sont bientôt rejoints par Jacqueline Lamb et leur fille Aube et s »installent à Marseille, au siège de l »American Committee for the Relief of Intellectuals, fondé par Varian Fry. Les surréalistes en attente d »un visa américain recréent le groupe et, pour tuer l »ennui et occuper le temps, jouent aux cadavres exquis dessinés. A l »occasion de la visite du maréchal Pétain, Breton, dénoncé comme un « dangereux anarchiste », est emprisonné préventivement pendant quinze jours sur un navire, et la censure de Vichy interdit la publication de ses textes Anthologie de l »humour noir et Fata morgana.
Le 25 mars 1941, Breton, accompagné de Wifredo Lam et de Claude Lévi-Strauss, embarque sur un bateau pour New York. Lors d »une escale à Fort-de-France (Martinique), il est interné mais retrouve sa liberté sous caution. Il rencontre l »écrivain Aimé Césaire. Le 14 juillet, il arrive à New York. Avec Marcel Duchamp, il fonde la revue VVV, et Pierre Lazareff l »engage comme annonceur (pour lire des textes qu »il n »a pas écrits). Jacqueline Lamba abandonne Breton pour le peintre David Hare ; Breton fait une dépression.
Le 10 décembre 1943, il rencontre Élisa Claro, sa troisième épouse. Ils se rendent ensemble en Gaspésie, à l »extrémité sud-est du Québec. Il écrit la prose poétique « Arcane 17 », née de « la nécessité d »écrire un livre lié au Tarot des Étoiles, avec pour modèle la dame que j »aime ». Breton et Eliza se rendent à Reno pour régler les papiers de leur divorce et de leur mariage. Ils en profitent pour visiter la réserve indienne Hopi et Zuni, emportant dans ce voyage les œuvres de Charles Fourier, créateur du concept de phalange.
Breton se rend en Haïti en décembre 1945, à l »invitation de Pierre Mabille, l »attaché culturel français à Pointe-à-Pitre. Il y donne une série de conférences. Pendant son séjour, un soulèvement populaire contre les autorités a lieu. Le 25 mai 1946, Breton est de retour en France.
Bientôt, Breton est invité à une soirée dédiée à la mémoire d »Antonin Artaud. D »une voix forte, il livre enfin « deux slogans, qui n »en font qu »un : changer le monde et changer la vie ».
Malgré les difficultés de la reconstruction d »après-guerre et le début de la guerre froide, Breton est inflexible sur la poursuite des surréalistes. Les polémiques se succèdent : contre Tristan Tzara, qui se pose en nouveau « chef » des surréalistes, contre Jean-Paul Sartre qui considère les surréalistes comme des petits bourgeois, contre les cadres universitaires à qui il démontre la supercherie des prétendus inedits de Rimbaud, contre Albert Camus et ce qu »il a écrit sur Lautréamont et le surréalisme dans L »Homme révolté.
Breton retrouve Georges Bataille, avec qui il organise une nouvelle exposition surréaliste sur Eros, apporte son aide à un certain nombre d »artistes inconnus en rédigeant des préfaces à leurs catalogues d »exposition et écrit pour plusieurs revues surréalistes telles que Néon, Médium, Le Surréalisme même, Bief, La Brêche.
Depuis 1947, il s »intéresse à l »art brut. Avec Jean Dubuffet, il participe à la création de la Compagnie de l »Art brut, officiellement créée en juillet 1948 dans le but de « recueillir, conserver et exposer l »art des malades mentaux ».
En 1950, il signe avec Suzanne Labin une lettre, diffusée le 8 mars, proposant de « créer un centre de culture libre, contre les assauts de l »obscurantisme, notamment du stalinisme ». Ils ont l »intention d »inviter des personnalités telles qu »Albert Camus, René Char, Henri Frenay, André Gide, Ernest Hemingway, Sidney Hook, Aldous Huxley, Ignazio Silone et Richard Wright à rejoindre le comité d »honneur. Selon Suzanne Labin : « Tous les membres du comité étaient d »accord. Aucune objection n »a été formulée. Le projet a finalement échoué par manque de financement, et pas du tout en raison de différences idéologiques. »
En 1954, un projet d »action des membres de l »Internationale lettriste pour s »opposer aux célébrations du centenaire de la naissance de Rimbaud échoue parce que les surréalistes n »acceptent pas la « phraséologie marxiste » proposée par les lettristes dans leur publication commune. Gil Joseph Wolman et Guy Debord attaquent ensuite Breton, soulignant allégoriquement sa perte de vitesse au sein du mouvement. Entre 1953 et 1957, Breton dirige une publication en cinq volumes des « Formes de l »Art » au « Club français du livre », dont il édite lui-même le premier volume : « Art magique » (« Magical Art »).
En 1960, il signe le Manifeste 121 (« Déclaration de désobéissance à la guerre d »Algérie »).
En 1966, Breton organise la 9ème exposition internationale surréaliste, sous le titre « L »Écart absolu », en référence au fouriérisme.
Le 27 septembre 1966, André Breton est transporté à l »hôpital Lariboisière à Paris pour une insuffisance respiratoire. Il meurt le jour suivant.
Il est enterré dans le cimetière des Batignolles (banlieue de Paris), l »épitaphe sur sa tombe se lit comme suit : » Je cherche l »or du temps » ( » I seek the gold of the times « ).
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« Un théoricien amoureux de la théorie ».
André Breton a incarné le surréalisme pendant cinquante ans, malgré lui et malgré le rejet des institutions officielles et les honneurs qui lui étaient constamment décernés. Tout au long de sa vie, il a poursuivi trois voies qu »il a essayé de combiner : la poésie, l »amour et la liberté.
Très tôt, il manifeste une méfiance à l »égard des romans et des romanciers qui lui donnent l »impression de s »amuser à ses dépens. D »une manière générale, il rejette « l »esprit français fait de blasé et d »apathie, qui se cache sous l »apparence de la légèreté, de la complaisance, du bon sens effacé se considérant comme bon, du scepticisme non éclairé, de la sournoiserie. » (Extrait de « Arcane 17″). Dans l »œuvre de Breton, l »émerveillement remplace les manifestations de nihilisme, et l »irrationalisme ouvre la porte étroite de la réalité sans véritable retour au symbolisme.
Breton utilise la poésie pour combattre le conformisme, la superstition et le rationalisme, comme une arme aux multiples facettes, construite à partir de l »imagination « qui crée d »elle-même des choses réelles », de l »émerveillement, des comptes rendus de rêves, des coïncidences surprenantes, de l »écriture automatique, des abréviations de métaphores et d »images. « Que font la poésie et l »art ? Ils font des éloges. La louange est aussi l »objet de la demande. Le pouvoir de la demande est supérieur à celui de la poésie La poésie a toujours été considérée comme une fin. J »en fais un moyen. C »est la mort de l »art (l »art pour l »art). D »autres arts suivent les traces de la poésie. »
Il s »agit de « trouver une langue secrète dont les éléments ne se comportent plus comme des épaves à la surface d »une mer morte ». Afin de réussir dans la diversion poétique, Breton évite tout travail quotidien, allant jusqu »à interdire à ses amis les plus proches (Aragon, Desnos) de s »engager dans le journalisme. « La révélation du sens de sa vie ne vient pas du travail quotidien. Il ne sert à rien d »être en vie si l »on doit travailler » (« Nadja »).
Pour Breton, l »amour, comme le rêve, est un enchantement dans lequel l »homme trouve le contact avec des forces profondes. Dans L »amour de l »amour et de la femme, il désigne la société comme coupable de faire une malédiction des relations entre hommes et femmes, en ajoutant une mystique à l »idée de l »amour unique. L »amour « ouvre la porte à un monde dans lequel, par définition, il ne peut y avoir ni mal, ni chute, ni péché. Il n »y a pas d »autre solution que l »amour ».
Breton, particulièrement attaché à la métaphore de la « maison de verre » (« Nadja »), entreprend dans Vaisseaux connectés une analyse de plusieurs de ses rêves, comme s »il n »y avait pas de frontière entre le conscient et l »inconscient. Les adversaires de Breton l »ont un temps appelé le « Pape du surréalisme » – mais si l »auteur des Manifestes a exercé une influence constante sur l »orientation du mouvement, il a toujours fui le rôle de « guide », même s »il pouvait paraître intransigeant, voire intolérant, par exemple lorsqu »il estimait que l »unité du mouvement surréaliste était menacée. Toute idée de coercition, militaire, cléricale ou sociale, provoquait en lui une profonde révolte.
Breton a constamment maintenu ses objectifs : » La vraie vie est absente – Rimbaud en a déjà parlé. Le moment est venu de ne pas sous-estimer la récupération de celle-ci. Dans tous les domaines, je pense, il faut la rechercher, en y attachant tout le courage dont l »homme est capable » Et Breton ajoute quelques slogans :
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Faits intéressants
Sources
- André Breton
- André Breton
- On trouve parfois mentionnée la date du 18 février 1896, mais selon l »état-civil, André Breton est bien né le 19 février, comme le confirment la plupart des sources biographiques de référence : Henri Béhar, André Breton le grand indésirable (Fayard, 2005), la Chronologie de Marguerite Bonnet dans les Œuvres complètes (Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1988), ou encore la Notice d »auteur de la BNF [1]. Comme le précise Béhar, c »est Breton lui-même qui a modifié la date véritable du 19 février en 18 février [2] : date de naissance anticipée d’un jour correspondant à celle de sa cousine, dont il parle dans Les Vases communicants. Une autre explication, confirmant la modification de cette date par Breton lui-même, fait référence à l »astrologie : [3].
- « Exposition Toyen (André Breton) », sur www.andrebreton.fr (consulté le 20 septembre 2022)
- « Sur les traces d’André Breton à Pantin », sur exploreparis.com (consulté le 23 février 2022)
- Instituée après la réforme de 1902 qui crée, à côté des « sections classiques » (centrées autour des Humanités latines et grecques) les « sections modernes », tournées vers les cultures anglo-saxonnes et ouvertes sur la science et la technologie. Selon plusieurs spécialistes de l »œuvre d »André Breton (Henri Béhar, Marguerite Bonnet…), cette orientation n »a pas été sans influencer l »iconoclasme de ses goûts littéraires ultérieurs (cf. à ce propos Norbert Bandier, « André Breton et la culture classique », in « Europe », mars 1991, p. 23.).
- Departement Seine w tamtym okresie.
- ^ numero del 1º maggio 1924.
- ^ Robert Kopp (a cura di), Album André Breton, Gallimard, 2008, p. 110.
- Departemento de la Seine na época
- Instituído depois da reforma de 1902 que criou, juntamente com com as « seções clássicas » (centradas em torno das Humanidades latinas e gregas), as « seções modernas », inclinadas para as culturas anglo-saxãs e com aberturas para a ciência e a tecnologia Segundo muitos especialistas da obra de André Breton (Henri Béhar, Marguerite Bonnet …), essa orientação influenciou o iconoclasmo de seus gostos literários ulteriores (proposição elaborada por Norbert Bandier em « André Breton e a cultura clássica », em « Europe », março 1991, p.23.
- Biro & Passeron, p. 64;